Remontée vers la Guyane
REMONTEE DE SALVADOR VERS LA GUYANE
DU 16 MARS AU 1°AVRIL
Nous commençons aujourd’hui notre remontée de Salvador
jusqu’en Guyane, tout en longeant les côtes Brésiliennes. Nous ne pensons pas
nous arrêter sauf si la météo nous y contraint.
Nous avons environ 1800 miles
Nous espérons faire ce trajet en un peu moins de trois semaines.
Dimanche 16 mars.
Nous sommes levés depuis 6h,
et après une bonne douche et un bon petit déjeuner, nous sommes prêts à partir.
Sylvia et Georgey se sont levés
pour nous dire au revoir et larguer nos amarres.
Les adieux sont toujours
difficiles, nous nous éloignons de la marina le cœur serré et regardons nos
amis restés sur le ponton, nous saluer jusqu’à ce que nous disparaissions.
Nous espérons bien nous
retrouver aux Antilles à la prochaine saison!
Après avoir fait le plein de
gasoil, nous quittons Salvador sous des trombes d’eau: c’est le comble! Il na
pas plu ici depuis trois semaines!
Nous optimisons et en
profitons pour lessiver Maroine car nous n’avions plus d’eau au ponton depuis
deux jours!
Nous partons donc avec un
bateau propre et bien rincer!(nous aussi, avec ce qui tombe!!!)
La pluie s’intensifie en
sortant de la baie, un rideau de pluie se dresse devant nous, et nous n’avons
plus de visibilité, la mer devient mauvaise avec une forte houle.
Nous n’avons pas beaucoup de
vent et remontons au pré serré, la nav assez… inconfortable!
Hé bé! Ca commence bien!!!
Lundi 17 mars.
Cette nuit nous avons eu beaucoup
de grains de 30/40 nds, avec des pointes à 50, qui heureusement, ne durent pas
trop longtemps.
Nous croisons quelques cargos
et rencontrons beaucoup de pécheurs.
Séquence Frisson :
Pendant mon quart, un d’entre
eux m’intrique car il n’a qu’un feu blanc et j’ai du mal à définir où il va.
Alors que je l’observe, un bateau
fantôme sans aucun feu, apparaît subitement dans la lumière de la lune entre
lui et nous. Il est à 50m sur bâbord et
se dirige droit sur Maroine!
Je hurle pour réveiller le
capitaine et prends la barre. Nous sommes au pré serré et j’ai peu de marge de
manœuvre à la voile, j’allume un moteur.
A l’intonation de mon cri, Jean
Louis a toute suite compris qu’il se passait quelque chose de sérieux et d’urgent.
Il surgit sur le pont en tenue d’Adam et découvre le bateau avec lequel nous
sommes presque bord à bord!
Le bateau nous aperçoit
enfin, allume un néon sur le pont, et nous virons de bord tous les deux en évitant
de justesse la collision! Ouf!
Les petits bateaux de pêche
en bois comme lui naviguent parfois sans feux pour économiser leur énergie mais
restent généralement attentifs, nous repèrent ou se font connaître quand ils
nous aperçoivent.
Ne nous avait il pas vu?
Était-il occupé à pêcher?
Je ne saurai jamais mais nous
sommes passés prés!(dans les deux sens du terme!).
Nous avons toujours beaucoup
de houle, la mer est forte toute la journée et les grains se succèdent.
Même si nous avons un plus de
vent, nous maintenons difficilement les 5nds et nous sommes toujours au pré
serré!
La nav est pénible,
fatigante, le bateau bouge beaucoup.
J’ai du mal à m’amariner, pourvu
que ce ne soit pas comme ça pendant quinze jours…et que mon estomac se calme!
Deux belles bonites au
tableau de pêche mais les filets se retrouvent direct, au frigo car je ne me
sens pas l’âme d’une cuisinière encore aujourd’hui !
N°II
Mardi 18mars
La nuit a été encore pénible
avec des grains et une mer agitée. Nous prenons deux ris dans la grand voile et
deux ris dans le génois par prudence car les rafales sont fortes.
Ces conditions sont fatigantes
car il faut faire beaucoup de manœuvres, corriger sans cesse les réglages, et
Jean Louis n’arrête pas. Nous avons du mal à trouver notre rythme. La fatigue
se fait sentir.
Dans la journée, alternance
de pluie et de soleil mais le vent ne veut toujours pas tourner.
Dans l’après midi la mer se
calme, mais le vent est toujours mal orienté, trop au nord, nous avançons moins
vite que prévu.
Deux autres bonites! Les
cannes sifflent en même temps et nous remontons chacun la notre!
Mon estomac va mieux, il faut
que j’assure en cuisine, pour le capitaine.
Thon poêlé au soja accompagné
d’aubergines pour ce soir et rillettes de thon pour les nav à venir ou les petits
creux.
Mercredi 19 mars.
Nuit un peu plus calme malgré
quelques grains.
Nous avons trouvé notre
rythme pour les quarts, toutes les 2H30.
Au matin, plus de vent et
nous passons la journée au moteur.
Belle nav sous voile dans l’après
midi jusqu’en soirée ou le vent se lève de nouveau et la mer redevient agitée.
Au milieu du diner, un cargo
nous arrive droit dessus par l’arrière.
Comme il ne semble pas nous avoir vus ou vouloir dévier sa route, nous
nous signalons par VHF. Il nous fait une réponse en anglais dont nous n’avons
pas saisi tout le sens mais nous le voyons avec soulagement virer à tribord et
nous dépasser rapidement. Ouf !!
Nous pouvons terminer notre
repas sans autre inquiétude!
Jeudi 20 mars.
Beaucoup de grains dans la
nuit.
Mer forte, nous sommes
toujours au pré serré, l’océan est triste, il pleut beaucoup. Le vent change
sans arrêt de sens et oblige Jean louis à modifier l’allure en permanence.
Nous sommes au large de
Récife.
Le temps s’éclaircît dans
l’après midi, le bateau trouve son rythme même si la mer reste agitée.
Calme plat pour le premier
quart, peu de vent mais il est un peu mieux orienté et nous avons le courant
avec nous. Nous avançons tranquillement à 4 nds, Aurons nous la chance de
passer une nuit tranquille?
Vendredi 21mars.
Nuit calme, nous mettons même
un moteur vers minuit car il n’y a plus suffisamment de vent.
Le vent reprend au lever du jour
et il est mieux orienté.
Nous naviguons sous Grand voile
et geeneker, le bateau glisse sur l’eau sans a coup et sans bruit.
Il fait beau le soleil est
revenu, le ciel est dégagé, plus de grain à l’horizon. Nous nous installons à
l’avant du bateau pour bouquiner.
Journée super agréable!
Voilà comment j’aime la
voile !
N°III
Samedi et
Dimanche 22/23 mars.
Hier soir, la retenue de bôme, sur un coup de vent a
arraché le levier d'embrayage et de vitesse du moteur bâbord.
C'est la tuile, nous sommes très embêtés car nous
n'avons plus qu'un moteur d'utilisable avec tout ce que ça entraine: moitié
moins de gasoil pour la remontée et surtout des difficultés en prévision pour
manoeuvrer dans les ports et sur les fleuves en Guyane où il ya beaucoup de
courant.
Maroine n'est pas très manœuvrable avec un seul
moteur. Notre voyage en Guyane semble compromis.
Jean Louis a tout démonté ce matin, l'axe est cassé à
l'intérieur.
Il l'a modifié, transformé avec des boulons et des
visses, adapté et ce soir, ça marche! On peut de nouveau utiliser le moteur.
Il faudra ménager le levier mais on peut aller en
Guyane! Ouf!
Heureusement qu'il est bricoleur mon Capitaine!
En tout cas je crois que l'atelier de "Super
Bricoleur" va voir arriver un paquet de boulons, de visses et autres
pièces diverses.
"On a toujours besoin d'une "Boite à
merdes" bien garnie sur son bateau" nous dira Anton.
Nous avons depuis deux jours des vents corrects,
changeants, pas très forts mais nous faisons environ 5 nds de moyenne.
Dimanche, vent de travers puis Grand Largue toute
l'après midi sur une mer très calme: la nav est agréable.
Lundi 24
mars
Cette nuit, il a beaucoup plu, le ciel est gris et les
grains continuent.
Apres un peu de moteur, nous sommes de nouveau sous
voile mais le vent n'est pas fort, instable et reste nord..il ne veut pas
tourner!
Nous avons un houle d'1M50 à peu pres mais elle n'est
pas genante car très longue.
La météo nous annonçait depuis hier une houle de 2 M
Depuis que nous sommes partis les prévisions météo ne
correspondent pas vraiment avec ce que nous avons en réalité, surtout en ce qui
concerne la direction du vent.
Nous avons pêché encore hier soir, à la tombée du jour
deux belles bonites! C'est parfait, nous avions épuisé les stocks.
Je cuisine un peu maintenant que j'ai le pied marin!
Il faut bien nourrir le Capitaine! Ce vent instable
l'oblige à modifier souvent ses réglages de voiles et il n'arrête pas!
Au menu tous les jours à midi, Carpaccio de thon.
Au
diner: thon poêlé sauce soja, balsamique, ou citron...et rillettes de thon pour
les encas ou les jours de nav plus agités ...
On ne se lasse pas encore!(même
si le Capitaine aimerait bien pêcher une entrecôte de temps en temps!)
On se surprend parfois à penser à un bon fromage ou à
un bon jambon de pays!...
On a trouvé notre rythme..même si les quarts sont
toujours durs, surtout pour sortir du lit toutes les 2h et demi!
Mardi 25
mars
Nous avons enfin trouvé du vent N.E. soutenu et
régulier, ce qui nous permet d'avancer correctement (6/7 Nds).
La mer est forte avec une houle de 2M/2M50,
heureusement un peu longue. Nous nous faisons secouer toute la journée, mais
les miles défilent.
N°IV
Mercredi 26 mars.
Le vent s’est établi entre
20 /25 nds, un peu plus régulier malgré quelques coups de vent mais nous
n’avons presque plus de grains.
La mer reste très agitée.
Nous sommes toujours dans le
poteau noir.
Jeudi 27
mars.
Nous passons
l’équateur cette nuit à 2H 10.
Cette fois, nous n’avons ni le soleil ni la mer d’huile que nous avions
eu lors de notre traversée de l’Atlantique
en passant l’équateur !
Douzième jour, le ciel est gris et plombé, la houle
s’est intensifiée, 2M50 et plus, la mer est très forte.
Nous nous faisons secouer, la nav au pré est
difficile.
Ce soir nous avons fait 1200 miles
Vendredi 28 mars.
Même tableau, temps gris, mer
très forte et ça déménage dans le bateau. Nous avons perfectionné les calages
de vaisselle, de bocaux, des panières…
On est en rappel en permanence, le moindre mouvement est difficile,
on se cramponne !
En dehors des manœuvres on
reste allongés sur les banquettes du carré : on lit (quand on peut !),
on fait des projets, on somnole…de toute façon on ne peut rien faire d’autre.
Le vent de NE établi autour
de 25/30 nds monte dans l’après midi et s’installe autour de30/35 nds, avec des
pointes en soirée et dans la nuit à 40 voir 45 /50nds.
Le bateau avance bien, 7/8
nds mais la mer est forte et il travaille beaucoup.
Il craque, il grince. Il
souffre… mais nous aussi !
Nous préférons prendre un
troisième ris par prudence et ralentir
le bateau à 5 nds pour le bien de tout le monde, du matériel comme de nous.
Le vent et la mer reste à
l’identique toute la nuit.
La météo nous prévoyait des
vents de 15 nsd aujourd’hui et hier. Bravo!
Nous sommes encore dans le
poteau noir ! C’est peut être ça !
Normalement, la partie la
plus dure devait être de Salvador à Récife voir jusqu’à Natal.
-« Apres c’est du
billard ! » m’a ton dit, « avec du courant et des vents
portants. »
Tout faux !!! ou…pas de
chance !
Samedi 29
mars.
Ce matin, la mer est toujours très agitée et le vent tourne autour de 30 nds.
Nous relâchons un ris dans la matinée pour reprendre
un peu de vitesse.
Jean louis ramasse les poissons volants qui ont échoué
cette nuit sur Maroine. Des thons sautent dans les vagues, une chasse surement.
Je fais du pain et des yaourts mais je ne m’attarde
pas en cuisine.
Même si le
soleil est revenu, la nav dans ces conditions là est pénible, sans intérêt et sans charme.
Le moindre mouvement est difficile et nous commençons
à en avoir un peu marre. Il nous tarde d’arriver !
A 23h nous avions fait 1500 miles
N°V
Dimanche 30
mars.
Même chanson aujourd’hui, le temps est gris et la mer toujours très agitée.
Nous avons toujours 30/35nds de vent et malgré les
2ris pris dans la grand voile et le génois, nous avançons à 6nds.
Dans l’après midi le vent forcit nous atteignons 8 nds voir 9 nœuds le bateau travaille et encaisse
beaucoup. Nous aussi !
Nous prenons un troisième ris pour ralentir le bateau
et le soulager…et nous soulager aussi!
Le bateau avance moins vite mais la nav reste toujours
aussi inconfortable et pénible.
Lundi 31
mars.
Mer est toujours agitée mais un peu moins cassante.
Malgré une forte houle la nav est plus agréable car
nous sommes au portant, le bateau est plus en accord avec les vagues et il
avance bien.
Nous apprécions le soleil qui est de retour et
profitons du cockpit qui retrouve son
charme: un peu de soleil et ça change tout.
Au programme : lecture et farniente. Seule une
bonite de 5kg viendra nous perturber en fin d’après midi !
Mais nous allons trop vite !
A ce rythme là,
nous arriverons dans la nuit à la bouée
d’atterrissage du chenal d’entrée en Guyane.
Même s’il est bien balisé, le chenal est étroit et nous préférons le prendre de jour.
Nous diminuons notre vitesse pour y arriver au lever
du jour.
C’est un comble, maintenant que nous avons le vent
qu’il faut, bien orienté et un fort courant en notre faveur, il nous faut
ralentir le bateau !
Nous rentrons la Grand voile et naviguons avec un
petit bout de génois pour ne pas dépasser les 4nds.
Le bateau est difficilement manœuvrable sans voile. On
dirait une coquille de noix sur l’eau. Nous sommes balancés, roulés d’un côté
de l’autre toute la nuit.
Mardi 1°
avril.
Nous arrivons en approche des bouées d’atterrissage au
lever du jour un peu avant 6H.
Nous prenons le chenal d’accès au port à6H50 et
nous avons la chance trouver une place
dans la petite marina « rustique » de Dégrade des cannes.
L’amarrage au ponton est délicat et se glisser entre
les bateaux n’est pas une petite affaire mais nous trouvons de l’aide auprès d’un voilier et des pêcheurs.
9h nous coupons les moteurs et nous installons.
Le bateau ne bouge plus !