Décembre 2013. Retour au Guatémala.
Dimanche 29 décembre 2013.Nous voilà de nouveau au Rio Dulce. C'est Jean Pierre et Brigitte qui nous accueillent et nous amènent au bateau en annexe.
Nous sommes contents de retrouver Maroine au ponton de la Marina de Nanajuana .
Il est plutôt vert mais, après 7 mois à quai, vu ce qui tombe ici en été et, particulièrement cette année, parait il, nous ne sommes pas surpris.
Comme d'habitude, après une bonne séance de nettoyage, il retrouvera vite sa couleur blanche.
Par contre quelques mauvaises surprises nous attendent.
Nous avons eu des entrées d'eau conséquentes et les dégâts sont importants.
Les produits contre l'humidité n'ont pas fonctionné vu le taux d'humidité dans le bateau et une couche de moisi à recouvert murs, plafonds, placards intérieurs, extérieurs, comme jamais.
L'eau s'est infiltrée également dans les plafonds de notre cabine et de notre salle de bain. Les vernis sont abimés et à refaire.
En électronique: Le GPS et l'ordi de secours, le téléphone Satellite,que nous avions mis comme d'habitude dans un coffre à l'abri ont pris l'eau et sont morts!
Le pilote automatique ne fonctionne plus, j'espère que nous n'aurons pas d'autres surprises avec les instruments de navigation.
Beaucoup de boulot en perspective, mais nous sommes là pour un mois.
Mardi 31 Décembre.
Nous passons nos deux premiers jours à nettoyer non stop le bateau.
Maroine a meilleure allure et sent un peu moins le moisi. Notre coque et le carré sont pratiquement faits, le reste attendra un peu.
Nous stoppons le 31 pour fêter le nouvel an.
A Nanajuana, un grand espace sur pilotis, recouvert d'un toit de feuilles sèches traditionnel a été aménagé face au ponton où sont amarrés les bateaux. C'est un lieu de rencontre, d'échange, de repas, de repos pour nous tous.
La nuit du 31, tous les bateaux français (il y a surtout des bateaux français à Nanajuana!) se réunissent pour fêter le nouvel an. Nous organisons les tables et l'abri en conséquences. Chacun amène quelque chose à manger et nous mettons tout en commun.
Nous faisons très vite connaissance avec plusieurs bateaux et la soirée s'annonce très sympa.
Il pleut beaucoup, des planches glissantes relient l'abri au quai où sont nos bateaux et lors d'un aller retour sur Maroine j'ai glissé: accident stupide, double fracture tibia péroné en trois endroits.
Il est autour de 23h, les pompiers viennent me chercher pour l' hôpital de Morales, la petite ville la plus proche. Je suis terrorisée à l'idée de me faire charcuter dans les hôpitaux du Rio.
Mais le but est d'abord de me soulager, de faire le point et d'envisager alors mon rapatriement pour la capitale ou pour la France.
Nous nous souhaitons avec Jean Louis la Bonne Année dans l'ambulance: ce n'est pas permis à tout le monde! ( il faut bien positiver!).
La nuit est difficile, nous la passons aux urgences(assez rustiques). Le personnel et la jeune doctoresse sont très gentils mais les équipements sont sommaires. Aussi, après la confirmation de la fracture et de la nécessité d'une intervention chirurgicale, il n'est plus question de rester là.
Mon pauvre Jean Louis galère toute la nuit pour organiser mon rapatriement avec l'assurance. Les contacts téléphoniques sont plus que compliqués, non seulement un soir de réveillon mais aussi avec les 7 h de décalage horaire. Jean Louis trouve heureusement à acheter de unités téléphone à la pharmacie du coin (c'est comme ça ici mais il est content de trouver quelque chose d'ouvert!)
Pas facile de mettre en relation les médecins, celui de la MACIF et celui d'ici, pour leur permettre d'échanger sur mon état, et de décider oui ou non de mon rapatriement.
Pas simple non plus de trouver une ambulance pour me conduire jusqu'à la capitale(4h de taxi normalement), de régler les prises en charges administratives et financières des hôpitaux, des ambulances...bref plus de 10h sur une civière, puis plus de trois heures pour rejoindre la capitale, dans l'ambulance des pompiers qui relevait plutôt de la catégorie des bétaillères sans amortisseurs et dont le chauffeur se prenait pour Schumarer...Des heures qui m'ont paru une éternité!
Arrivée en début d'après-midi à Esperanza, un des plus grands hôpitaux de Guatemala City, je suis aussitôt prise en charge sérieusement. Je suis rassurée et opérée dès le lendemain matin.
Les trois quatre premiers jours sont assez difficiles à l'hôpital, et une infection pulmonaire post-opératoire vient prolonger mon séjour. D'un certain côté, cette situation a laissé à ma jambe un peu plus de temps pour se rétablir, car franchement, le retour à bord au bout de 6/7 jours comme prévu au départ, aurait été beaucoup plus difficile.
Lundi 13 janvier.
Je suis sortante (13 jours,ça commençait à faire long, pour Jean-Louis aussi!)
Esperanza est un des plus grand hôpital universitaire de Guatemala City. J'ai bénéficié d'une prise en charge très professionnelle et tout le monde à été adorable et très attentionné avec moi, qu'il s'agisse de la femme de service, de l'infirmière, du chirurgien ou du pneumologue...on pourrait tirer quelques leçons de leur gentillesse...mais ici, c'est l'Amérique centrale!
Je suis donc rentrée lundi en ambulance qui, cette fois possédait des amortisseurs!!
Le transfert sur Maroine a été un peu hard, mais moins que je ne le craignais.
Les copains avaient rapproché le bateau du ponton et une fois assise sur la passerelle j'ai pu me glisser sur les fesses jusqu'a la jupe du bateau où des bras salvateurs m'ont récupérée.
Brigitte et Jean Pierre nous avaient préparé un riz crevette et même s'il était tard, ça fait du bien au cœur.
Vendredi 17 Janvier.
Je suis à bord depuis quatre jours.
Mon pied est raide, ma jambe encore gonflée et le tout reste douloureux surtout le soir et la nuit. Mais… Il me faut être patiente!
C'est un peu difficile pour me déplacer dans le bateau avec les niveaux car je n'ai pas de plâtre et je ne dois pas mettre de poids sur mon pieds jusqu'au 30 janvier. Faut dire que les béquilles, ce n'est pas ce qu'il y a de plus pratiques à bord!
Voilà je suis contente d'être là, d'avoir retrouver Maroine et mon univers.
Tout le monde est gentil avec moi.
Brigitte est allée faire les courses et m'a rempli le frigo.
Tous les gens de bateau qui passent, ont un petit mot gentil ou viennent passer un petit moment avec moi.
Je suis gâtée: Hier soir, Valou (de Yératel) m'a gentillement apporté une coupe de fraises citronnées à la menthe fraîche et Jean Louis est à mes petits soins.
Nous espérons bien faire notre saison aux San Blas, même si nous ne pouvons partir que fin février, mais nous aviserons au fur et à mesure.
Les mauvaises surprises continuent!
Maroine à pris la foudre cet été et nos instruments de navigation sont sérieusement touchés.
Le pilote automatique est mort ainsi que la VHF et l' AIS. Les deux écrans de navigation ne reçoivent plus les données ainsi que le radar. Le GPS, l'instrument de vent, le sondeur et l'alternateur d'un de nos moteurs ne fonctionnent plus...pourvu que ça s'arrête là!
Nous avons la possibilité de commander aux États Unis mais les délais sont longs( 1 mois environ) et il faut ensuite tout re monter.
Jean Louis pousse les investigations au maximum pour déterminer les dégâts et prépare sa commande en essayant de ne rien oublier: S'il manque, ne serait ce qu'un câble dans sa commande, cela peut compromettre toute la réinstallation.
Il lui faudra beaucoup de travail ensuite pour refaire fonctionner le tout.
J'espère que j'irai mieux d'ici la livraison, car pour le moment il fait tout à bord, cuisine, vaisselle..et ça ne lui facilite pas la tâche .
Je me sens d'un piètre secours pour lui qui doit s'occuper en plus de moi.
On se soutient mutuellement et nous gardons le moral et l'espoir de descendre aux San Blas.
Quelques photos de la Marina et de ses installations dont j’espère bien profiter un peu en Février.